Des gènes errants - Clap 43 – Avis de recherche
Bonjour la Smala-vie-comme-au-cinéma ! (clap 43)
Si tu prends la lecture de ces petits textes en cours de route, arrête-toi de suite !.... Tu ne vas rien comprendre ! Il te faut revenir au tout premier texte, celui du 4 septembre 2023, intitulé « Ça part de là », et respecter l’ordre chronologique des claps…
Si tu es assidu-e depuis le 4 septembre
2023, tu auras remarqué que, désormais, cette histoire trace son chemin. Alors
ensemble, poursuivons-là…
Bonne lecture !
Les démarches à accomplir pour chercher quelqu’un sont-elles toujours les mêmes, qu’il s’agisse d’un enfant disparu ou d’un parent perdu de vue ? Le dénominateur commun en est bien sûr la disparition, ce mystère au voile léger, dont la vie de Ludivine est imprégnée depuis ses six ans. Alors, en toute logique, (mais est-ce vraiment logique ?...), Ludivine et Marc se rendent au commissariat du quartier pour en faire la déclaration, et plus précisément, lancer un avis de recherche. En tout cas, c’est ce qu’on leur a dit de faire quand ils ont contacté la police afin de connaître la marche à suivre. Compte tenu du peu d’éléments que Ludivine possède au sujet de sa mère, le mieux, c’est de lancer un avis de recherche.
Les
locaux du commissariat sont à quelques rues de l’appartement. Ludivine et Marc
ont décidé de prendre la voiture pour s’y rendre. Et puis de toute façon, après
ça, ils vont manger chez Josiane et Bernard, ils enchaineront ainsi sans passer
par l’appartement.
L’agent qui les reçoit, un gros bonhomme en
uniforme, chemise bleue terne et pantalon bleu marine, ne tique même pas. La petite dame devant lui n’a pas vu sa mère depuis plus de quinze
ans ? Même pas touché, il en a vue d’autres, c’est comme si c’était son
quotidien le plus ordinaire. Il demande à Ludivine, de façon distante, froide
et très procédurière, de remplir un questionnaire qu’il sort nonchalamment d’un de
ses tiroirs derrière le haut comptoir en formica. Le formulaire est intitulé simplement
« avis de recherche ». Il ne sait pas que Ludivine prend sur elle et son
élan depuis des mois pour venir jusqu’ici. Qu’elle en est pleine d’espoir et de
peur mêlés. Que son cœur bat la chamade à tout va et plus encore devant lui. Que
parfois elle veut que ses recherches aboutissent et parfois, elle ne le veut
pas, encore imprégnée de tout le mal qu’elle a pu entendre au sujet de sa mère.
Elle a comme l’impression d’être une mauvaise fille désobéissant au père. Déjà
que sa mère est une femme de mauvaise vie, parait-il... Marc la pousse à faire cette recherche depuis le début de leur
relation. Il ne connait personne de la famille de Ludivine, ni le père dans la
maison de maître au perron ébranlé et au portail rouillé dont il est interdit
de séjour, bien sûr, comme l’est désormais Ludivine, ni sa sœur, ni Panou, ni
Manie, ni sa mère, de fait… Il en est fortement contrarié. Il aimerait
tellement connaître d’autres pans de la vie de Ludivine, d’autres membres de sa
famille. Parce que Marc tient à Ludivine. Il lui a prêté sa propre mère, il
peut bien l’aider à retrouver la sienne…
Ludivine
s’empare du stylo BIC noir attaché par une ficelle sur un support collé au
comptoir. Il suffirait d’un coup de ciseau pour s’en accaparer. Il le sait,
l’agent ? Mais qui volerait un BIC noir sans capuchon, tout abîmé ?
Une multitude de pensées traversent Ludivine. Que fait-elle là ? Sans Marc
à ses côtés, pas sûr qu’elle serait venue jusqu’ici… Le père dans la maison de
maître au perron éboulé et au portail fermé ne lui ouvrira plus le jour où il
apprendra ça, c’est sûr… De toute façon, il n'ouvre déjà plus, elle n'a plus rien à perdre... Il fait chaud ici et ce stylo BIC n’écrit pas. Elle en
demande un autre à l’agent. C’est bien la peine d’attacher un stylo qui ne
marche pas. L’agent lui en donne un autre, l’air méfiant de celui qui ne voit que des
voleurs partout.
Enfin,
Ludivine, de sa plus belle écriture, s’applique à compléter le
formulaire ; son identité, le peu d’information qu’elle détient de l’état
civil de sa mère. Germaine. Sa mère se prénomme Germaine. Elle en a entendu,
des vertes et des pas mûres au sujet de ce prénom, aussi… Maman, Germaine,
mère, ça sonne plus que jamais comme des grossièretés au creux de son oreille. Bon, c’est vrai,
Germaine, ça n’est pas joyeux, comme prénom…, c’est vieillot et plus personne
ne s’appelle comme ça….Mais bon. Vaillamment, laborieusement, elle continue de
remplir le questionnaire.
Et
puis, elle lit : « Comment était habillée la personne la dernière
fois que vous l’avez vue ? ». Et aussi : « Quelle est sa
taille ? », « Quel est son poids ? ». Elle a comme
l’impression que c’est elle, la mère qui cherche son enfant, les rôles sont
inversés. Elle trouve ces questions bien trop simples et inappropriées au
regard de sa propre requête. Mais elle ne peut s’empêcher de fouiller dans sa
mémoire, dès fois qu’elle se souvienne effectivement comment était habillée sa
mère la dernière fois qu’elle l’a vue, il y a plus de quinze ans, alors qu’elle
n’avait que six ans, dès fois qu’elle se souvienne ne serait-ce que la dernière
fois qu’elle l’a vue. Tout simplement… Bien sûr, rien ne surgit dans ses
souvenirs, sauf peut-être cette réminiscence fugace d’une douceur de fourrure,
de sensations ouatées à fleur de peau, une senteur de lilas et puis, des
cheveux longs au vent. Elle est tentée d’écrire sur les lignes à compléter, posés sur les pointillées, les mots : « fourrure, lilas, douceur, cheveux
longs… ». Elle doute toutefois que ces intimes et bien faibles indices
aideraient en quoique ce soit les recherches, si tant est qu’elles puissent
être entamées, ces recherches, tellement l’agent porte peu d’intérêt et de
sollicitude à sa demande. Alors, elle laisse les pointillées à vides. Elle note
juste, toujours de sa plus belle écriture, tout à la fin, dans le cadre « commentaires » : « je
cherche ma mère que je n’ai pas vue depuis plus de quinze ans. Je ne me
souviens pas comment elle était habillée. J’étais trop petite. ».
Marc
lui souffle à l’oreille :
-
Allez, c’est bon. Signe. Et on y va.
Ludivine
entend : « c’est bon signe… ». Elle y voit un signe, un bon
signe, elle bascule vers l’optimisme, l'espoir, elle y croit.
Quand
enfin elle remet sa copie à l’agent, celui-ci la lit rapidement, comme si il
effectuait une tâche ingrate, puis il lui dit :
-
On vous écrira.
Ça
lui fait bizarre, à Ludivine. Elle a l’impression d’avoir passé un examen,
qu’elle n’a pas répondu comme il fallait, qu’elle a tout faux au questionnaire et
que l’agent pour se débarrasser d’elle lui fait espérer qu’on va l’informer
plus tard. Elle y voit un signe, un mauvais signe, elle bascule vers le
pessimisme, elle n’y croit plus.
Avec Marc, ils sortent du commissariat. Ludivine s’aperçoit alors qu’elle a gardé le stylo à la main. L’air méfiant de l’agent lui revient à l’esprit. Déjà qu’elle l’a dérangé pour un truc certainement inutile, déjà qu’elle avait l’air de l’ennuyer, elle ne veut pas être prise pour une voleuse de stylo, en plus. Elle retourne dans le commissariat, pose le stylo sur le comptoir. L’agent la regarde, comme soulagé. Peut-être qu’il pense que comme il a retrouvé son stylo, ça lui fera une enquête de moins à mener… Grand bien lui fasse, à Sherlock Holmes !
Précipitamment,
comme libérée, Ludivine ressort du commissariat, se dirige vers la voiture garée de l’autre
côté de la rue alors que Marc est déjà en train d’en ouvrir la portière conducteur. Elle
s’élance sans regarder ni à droite ni à gauche. Elle entend un crissement de
pneu, se sent soulevée, projetée dans les airs.
Puis,
plus rien…
La suite dans quelques jours ? Mais, période de congé oblige, je me permets un délai supplémentaire ; je te donne donc rendez-vous, non pas dimanche prochain, mais le dimanche suivant. Oui, la semaine prochaine, je n'écrirai pas, je vais me brancher à la nature !🙏
Sandrine L
Ecrivant
aie aie ...glaciale la fin de cet épisode 😬 🥶
RépondreSupprimerProfites bien de la nature, hâte d’avoir la suite ! Bisous
RépondreSupprimerArmelle 😊
RépondreSupprimerProfite Sandrine 🤗 Gros bisous.
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