Des gènes errants - Clap 19 – Sur le pont

 


Bonjour la Smala-vie-comme au cinéma (clap 19)

Si tu prends la lecture de ces petits textes en cours de route, arrête toi de suite !.... Tu ne vas rien comprendre ! Il te faut revenir au tout premier texte, celui du 4 septembre 2023, intitulé « Ca part de là »,  et respecter l’ordre chronologique des claps…

Si tu es assidu-e depuis le 4 septembre 2023, tu auras remarqué que cette histoire a désormais pris son envol, son autonomie. Alors ensemble, poursuivons-la…

Bonne lecture !

« C’est un pont suspendu comme l’est toute forme d’instant de vie. Un jeune homme lève les yeux, intrigué par une ombre en hauteur, figée telle une statue de sel. La vue là-haut s’élance sur un brouillard à couper au couteau. On devine tout de même comme une promesse d’un crépuscule céleste. L’homme tout en haut a les cheveux longs poivre et sel, il est longiligne, absorbé tout entier par ce brouillard qui pour l’instant coupe la vue de l’imminent coucher de soleil.

-       Hé, mais qu’est-ce que tu fais là-haut, toi ?

Un silence abyssal lui répond et l’ombre en hauteur a comme un léger tressaillement.

-       Ouhouh… hé, réponds-moi… Mais qu’est-ce que c’est ce bordel, mais… Il va tomber, le con… Hé !

-       T’approche pas, t’approche pas !!! Si t’approches encore, je saute.

-       Mais, oui, je vois bien….

-       T’approche pas et parle pas, j’peux pas, j’peux plus, je supporte plus.

-       Oui ? C’est quoi ?

-       Tais-toi, fous l’camp, laisse-moi… J’en peux plus…

-       Ben, moi aussi….

-       Ah ouais ? quoi toi aussi ? tu veux monter là, sur cette rambarde pour te foutre en l’air, toi aussi ?

-       Ben non…

-       Ben casses-toi, alors.

Le souffle du vent dans les arbres répond par une rafale. Soudain :

-       Pourquoi tu restes là, tu veux qu’on saute ensemble ? C’est moi qu’a eu l’idée le premier, alors dégage, j’ai besoin de personne.

 Le souffle du vent dans les arbres passe sous le pont et laisse un silence de mort après son passage.

-       T’es qui toi, hein, à venir me faire chier…

-       Moi ? Je m’appelle David. Et toi ?

-      

-       Ben, moi, je t’ai répondu, tu pourrais me dire, toi, c’est comment ?

-       Adam

-       Chouette.

-       Quoi chouette ? Adam, même ça, c’est nul.

-       Si, Adam, c’est chouette comme prénom, ça fait un peu origine des temps. Adam et Eve…

-       Oh, fais pas chier…

-       Ouais, on a déjà dû te la faire, celle-là. Mais ça fait un peu comme moi.

-       Quoi comme toi ?

-       Ben, David. Tu trouves pas que ça fait un peu origine des temps aussi ?

-       Fais pas chier avec tes prénoms d’merde.

Un long silence, le souffle du vent, le souffle de David suspendu au mouvement d’Adam et le regard d’Adam suspendu au-dessus du vide.

-       Eh Adam ? Tu veux pas parler ?

-       .…

-       A mon avis, c’est pas un hasard si chui passé par là, moi. Tu sais, ce soir, à la fin des cours, je m’suis dit, tiens je vais passer par le pont, il fait beau, le coucher du soleil va être magnifique. Tu trouves pas, qu’il est beau ?

-        …

-       Tu veux pas me parler ? Tu crois que je peux passer mon chemin, maintenant, là, que je suis passé sur ce pont et que je te vois alors que tu veux te foutre en l’air. Je peux pas faire ça.

-       Ben, si, tu peux

-       Ben non. Si je m’en vais, j’aurais mauvaise conscience de te laisser là tout seul.

-       Tu t’intéresses aux gens, toi ? Mais moi, chui pas intéressant.

-       Si si, y a toujours un truc intéressant chez tout l’monde.

-       Eh !! Bouge pas, bouge pas, hein !! Tu crois que je’te vois pas t’avancer, là. Fais gaffe, si tu bouges encore, j’te préviens, je saute.

-       Oui, oui, Adam. J’ai compris. Je bouge plus. Je vais m’asseoir plutôt, hein ? Tu veux pas faire pareil. Vas y assieds-toi, on va discuter. Tu veux bien. Voilà. Oui. Cool…. Eh Adam, tu veux pas me raconter ta vie ?

-      

Le vent est tombé. On entend plus que le bruit des oiseaux. David soupire et parvient subrepticement à s’approcher d’Adam sans le sortir de sa bulle. Adam a le regard fixe, comme si un point particulier à l’horizon était le seul objet de son attention.

Pendant ce temps, il n’y a personne dans la maison de maître au perron de pierre et au portail en fer forgé. Juste les chats, peut-être, au repos sous la tonnelle. Marie-Jeanne et Ludivine sont parties avec Panou et Manie, visiter les merveilles de la capitale. Vélos et patins à roulettes, cacahouètes et marrons chauds sont de mise. Ludivine vit ces instants-là comme des bonheurs suspendus, un peu comme les ponts du même nom. »

 

La suite dans quelques jours ?

 

Sandrine L

Ecrivant

Commentaires

  1. Ah ouais tu nous laisses comme ça ? La suite semaine pro ??
    Je me suis dit que je lirai au fur et à mesure plutôt que plusieurs épisodes en même temps … ! Mais je ne suis plus habituée à cette frustration là ..! Ok, je vais patienter, pas le choix !!

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