Des gènes errants - Clap 17 – Artifices
Bonjour la Smala-vie-comme-au-cinéma (Clap 17)
Il y a urgence ! Dimanche arrive à grand pas !... Et je n’ai pas trouvé la suite de mon précédent post !!... Quel stress !
Mais…. Encre, Plume, Clavier, Christian,
Inspiration sont mes amis… Ils vont m’aider, dans cette aventure… Jamais
seule ! Même toi, dans tes commentaires ou en aparté, tu peux me donner
des pistes, des directions. Je prendrais volontiers !
En attendant, je continue par ici…
« Elle
tombe encore et encore, puis, dans un sursaut, elle ouvre les yeux.
Elle
est toujours installée sur le rebord de la balustrade à la fenêtre de la salle
de bain, solidement maintenue par les bras du père.
C’est
inadmissible que devant un tel spectacle enchanteur, Ludivine se soit endormie !
Elle s’en veut, culpabilisant d’avoir raté l’essentiel…
Le
feu d’artifice a pris fin, la sieste de Ludivine aussi. Mais, ancrée dans les
bras de son père, toujours posée sur la balustrade, elle doute à présent de sa
sécurité, encore emprunte de son rêve, tombant sans fin tout en bas, là, sur la
tête chevelue du saule pleureur, la sauvant peut-être de la dureté fatale du
béton de la cour. Mais quand même… le père peut la lâcher. A tout moment. N’importe
où. Elle essaie de ne pas y penser. Pour l’heure, elle s’y love instinctivement,
comme un petit chaton, dans les bras du père.
Les
lumières au loin ont disparu laissant place à une nuit étoilée. Le silence
ambiant ne rassure pas Ludivine. Quelque
chose a basculé, l’a bousculée. Elle veut descendre, ne plus être dans ces bras
paternels-là. Elle sent comme une faille au creux de cette forteresse qu’est
censée être son père. Elle le ressent, le pressent, c’est instinctif. Son abri
a été pris d’assaut par un vilain boulet de canon. A présent, on peut y entrer
et y sortir comme dans un moulin. Le château fort s’est transformé en moulin à
vent. Elle sent les courants d’air, les vents contraires et contrariée, elle ne
se sent pas en sécurité.
La
nuit noire, l’extinction du feu d’artifice et le silence alentour l’enrobent. Les
bras du père ne sont plus que de toutes petites brindilles dérisoires au milieu
de ce rien qui l’absorbe. Elle n’est pas sereine. Elle veut trouver une issue.
Elle lève la tête.
Des
petits éclats de verre en constellation s’inscrivent dans la nuit noire, des
étoiles blanches sur une toile noire infinie. Cette immensité au-dessus d’elle
la fascine, l’attire et lui fait peur, aussi. Son père, sa sœur, elle, son
petit monde, tout ça, ça lui parait bien infime à côté de cette infinité qui la
dépasse. Elle ressent comme un vertige.
Elle
veut descendre de la balustrade, retrouver la terre ferme sous ses pieds, retrouver
son propre équilibre, les pieds nus sur le carrelage de la salle de bain.
Elle
le fait savoir au père en se tortillant, mais lui, continue de la maintenir
fermement. Il ne veut pas la laisser s’en aller.
Pris
dans l’ambiance artificielle de la nuit, il parle à Marie-Jeanne et Ludivine. Il
parle, il parle encore, on ne l’arrête plus. C’est un jour ou plus précisément
une nuit avec ; il parle de lui, de tout, de ses incertitudes et de ses
croyances, sans tenir compte des oreilles qui l’écoutent. Il est bavard à
l’extrême tout autant que, d’autres fois, il peut être taiseux. Qu’importe son auditoire.
Il a besoin de parler. Excessivement. Là, maintenant, Marie-Jeanne à ses côtés
et Ludivine sur la balustrade, il parle, il transmet, il pense que ça se fait
comme ça, après un feu d’artifice, sous l’immensité des cieux, au coup par
coup, quand il en a envie, lui et seulement lui, quel que soit son public. Il a
comme un sursaut d’éveil, deux filles, et qu’importe qu’elles soient toutes
petites... Dans la nuit noire, peu à peu et abruptement, il leur dévoile sa
propre histoire. Les pétards du feu d’artifice ont comme explosé ses barrières.
Il y a urgence, c’est impérieux, désordonné, incontournable, irrationnel,
n’importe quoi, n’importe comment. C’est lui. Il se doit de se raconter :
sa naissance, son jumeau mort avant lui, la mort de son chien tant aimé quand il
avait 20 ans, sa jeunesse étiolée et empêchée, ses amours défuntes et plus que
ses amours d’avant, celui de leur mère qui l’a abandonné, lui. Il s’expose fragile,
traversé de vents contraires, vent du sud, vent du nord, d’est en ouest ; il
est le point de rencontre de tous ces vents, balloté. Il est tout à la fois, le
froid, le chaud, le réconfort et l’inquiétude, le bruit, le silence,
l’intelligence et la sottise, la grandeur et la décadence. Il est tout ça à la
fois, jamais en même temps, mais toujours en extrême, comme deux polarités
jamais sereines…
Ludivine
et Marie-Jeanne, si petites soient-elles, l’écoutent, en buvant ses paroles, le
regardent avec, dans les yeux, un amour inconditionnel. C’est leur père, il
parle beaucoup, de lui, c’est si rare. Qu’importe si il fait nuit et qu’il
commence à faire frais sur le rebord de la rambarde, en surplomb de la tonnelle,
des garages et de la tête chevelue du saule pleureur. Ludivine et Marie-Jeanne
prennent, reçoivent, écoutent, comme un jour de fête.
Et
Ludivine prend de l’avance sur sa propre histoire. L’histoire de son père
devient la sienne. Dans son imaginaire, elle s’invente une jumelle morte à sa
naissance, pense avec émotion à la mort de Fifille sa chatte tant aimée, vit
intensément ce moment, exposée au bord d’une balustrade avec en toile de fond
de son cœur, l’amour inquiet pour son père vacillant et puis sa mère qui,
semble-t-il, l’a abandonnée, elle aussi. Mais oui ? Où est-elle, donc,
d’ailleurs, sa mère ? Leur mère ?
Ce
soir-là, la fragilité dévoilée de son père devient la sienne ; elle ne se
sent plus du tout en sécurité sur la rambarde et dans ces bras-là.
Le
père, en racontant son histoire, a donné le la.
Ludivine,
elle, veut revenir au sol. »
(Chassez le naturel et il revient au
galop ! Désolée, les jeux de mots, je ne peux pas m’en empêcher…😜)
La suite dans quelques jours ?
Sandrine
L
Ecrivant
♥️Marie
RépondreSupprimerC'est saisissant comme les pères, les papas, les hommes, si forts veulent-ils être ou paraître, si faibles et vulnérables sont-ils ....
RépondreSupprimer