Des gènes errants - Clap 16 – Feux !

 


Bonjour la Smala-vie-comme-au-cinéma  (Clap 16)

Ecrire, écrire, écrire…

Les touches du clavier sont souples sous mes doigts. Ca fait le même bruit que si tu dis « écrire, écrire, écrire… » en continue…

Ok, on continue, alors.

Mais dans quelle direction ?

Ecrire sur un blog en respectant un rythme, c’est de l’impro sur un chemin tracé. Pas toujours aisé !

J’y retourne…

 

« Les couleurs de l’arc en ciel sont spectaculaires et ce matin, de la fenêtre de leur chambre, Ludivine est émerveillée. Ca forme comme un grand arc, haut dans le ciel, avec un soleil irradiant à gauche et des nuages menaçants et sombres partout ailleurs. Il a plu fort, cette nuit, il a tonné aussi et le paysage alentour a bénéficié d’un nettoyage dans les règles de l’art, rendant plus que jamais la tonnelle jaune, le saule pleureur vert, les garages rouges.

Les couleurs en général attirent le regard de Ludivine. Quand elle observe les gens, c’est leurs yeux qui accrochent son attention et en premier lieu la couleur des iris. Qu’on lui parle ou non, elle connait toujours la teinte des yeux des gens qui l’entourent. Le marron de ceux de son père qui donnent le ton de la journée, le noir charbon de ceux de Marie-Jeanne qu’elle trouve si beaux.  Elle, Ludivine, quand elle se regarde dans la glace, elle ne voit qu’une frimousse pâlotte, auréolé de cheveux tous raides et affublé d’yeux sans vraie couleur. Ces yeux lui semblent fades et délavés comparés à l’intensité et la profondeur du regard de son père. C’est peut être bien pour ça qu’elle s’en prend plein les yeux quand les couleurs s’offrent à elle. Pour les engranger tout au fond de ses orbites, en lien direct avec son cerveau, lui-même en lien étroit avec tout ce qu’elle est au fond d’elle. Elle aime les couleurs de la vie et quand la vie est grise comme le ciment de la cour, ou bien noir comme le portail en fer forgé de la maison de maître, elle s’accroche aux yeux des gens, elle songe aux arcs en ciel et aux feux d’artifices. Le problème avec les feux d’artifice et aussi avec les arcs en ciel, c’est qu’il n’y en a pas tout le temps. Mais là, elle y pense parce que hier, c’était un grand jour. Une première…

Marie-Jeanne et Ludivine sont attablées avec leur père dans la cuisine aux couleurs criardes. On mange ; c’est dire que tout va au mieux, tout va bien. Le père est au top de sa forme, avec même un gros brin d’excès et de zèle dans sa façon de parler, d’avoir un avis sur tout, de déconner sur tout, sur rien, surtout sur rien…

Soudain, entre deux bruits, deux paroles ou deux rigolades, il dit :

-           Chut !

Puis :

-           Ecoutez !...

On perçoit alors comme des coups de tonnerre au loin. Est-ce que c’est encore l’orage de cette nuit qui persiste ?

Ludivine a peur. Des bruits qu’elle ne comprend pas, des sons irradiant le silence, comme une résurgence d’une autre vie vécue avant. Une peur incontrôlable qui la fait se jeter dans les bras de son père qui l’accueille volontiers. Aujourd’hui, chance, c’est un bon jour, il lui ouvre grand ses bras.

Il a de suite saisie la signification de ce qu’on entend sourdre dans le lointain et c’est quatre à quatre qu’il monte l’escalier qui mène à l’étage supérieur, en direction de la fenêtre de la salle de bain, celle la plus haut perchée dans la maison de maître au perron de pierre et au portail en fer forgé, Ludivine solidement tenue dans ses bras, Marie-Jeanne sur ses talons.

Il ouvre la fenêtre et pose Ludivine sur le rebord de la balustrade, l’encerclant de ses deux bras puissants. Elle a les jambes qui tombent dans le vide et la tête dans les nuages, mais son regard est absorbé tout entier par des gerbes de lumières qui explosent au loin. Les bruits intenses, les pétarades n’ont qu’à bien se tenir ; Ludivine, dans les bras de son père n’a plus peur de rien, ni de personne, le regard tourné intensément en direction de la joliesse du spectacle, un superbe feu d’artifice. Celui-ci dure un moment pour leur plaisir à tous les trois, et aussi pour le plaisir d’autres personnes alentour. On entend, entre les pétards, des oh ! et ah ! d’enthousiasme, preuve qu’ils ne sont pas les seuls spectateurs. Ludivine se sent princesse dans les bras forts de son père. Même Marie-Jeanne, à leur côté, ne connait pas la chance de Ludivine ; vivre ce spectacle impressionnant, dans des bras paternels aussi rassurants.

Du haut de la balustrade, on surplombe la tonnelle et juste sous la fenêtre de la salle de bain, le saule pleureur fait comme une grosse tête chevelue vue d’en haut, trônant au milieu de la cour.

Bercée par le souffle fort de son père qui la tient solidement amarrée, Ludivine sent son corps se détendre, s’engourdir, s’alourdir. Ses paupières se ferment malgré elle alors même que le spectacle n’est pas terminé. Son attention dévie irrémédiablement vers les délices d’un sommeil enveloppant, en toute sécurité.

Soudain, elle est aspirée par une force inconnue, cul par-dessus tête.

Plus rien ne la retient aux bras protecteurs du père.

Elle tente de s’accrocher à la balustrade, la rate de peu ; elle sait bien que juste en dessous, c’est la cour grise et la grosse tête verte chevelue et emmêlée du saule pleureur qui l’attendent.

Sans qu’elle ne puisse rien y faire, elle se sent tomber dans le vide, impuissante. »

 

La suite dans quelques jours ?

 

Sandrine L

Ecrivant

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