Des gènes errants - Clap 9 – Une chanson


Bonjour la Smala-vie-comme-au-cinéma – (Clap 9)

Toc toc toc ? Tu es là ?

Toujours pas las de toute cette histoire ?

La, là, las la la, la la la la ! ♪♪… on repart et à défaut de pousser une porte, poussons la chansonnette…

Allez, c’est reparti…

 

« Ludivine aime la nouveauté, les choses à observer, et elle est servie ! C’est l’hiver, il fait froid, mais, pourvu qu’elle ait quelques liens d’attache qui la reconnecte à son cocon, son cordon ; son père et Marie-Jeanne sont là. Tout va bien.

Telle une autruche qui se cache la tête dans le sable, elle ne voit pas sa mère, alors, elle n’y pense pas. Mais Ludivine est une éponge. Les conversations alentours l’informent de ce qui se passe en dehors de son champ de vision.

-           Papa, dit Marie-Jeanne, c’est quand qu’on va voir Maman ? (Ah oui, tiens, c’est quand ? se demande Ludivine)

Silence radio du père qui reste les yeux dans le vague.

-           Papa ? Maman, elle est où ? (Ah oui, tiens, elle est où, Maman ? se demande Ludivine)

Silence radio du père qui a le vague à l’âme.

Et puis ce jour-là, soudain, il a comme un sursaut de vie et d’enthousiasme :

-           Eh, les filles, si on se faisait un petit goûter, ça vous dirait ?

-           Oui ! Oui !!!...

Très vite, ça sent bon le pain grillé dans la cuisine aux couleurs criardes. « Il fait beau, il fait chaud, la vie coule comme une chanson… ». On sort du fromage et du saucisson, on pose le tout sur un coin de la table en formica, tout est formidable. L’ambiance est à la joie, à la rigolade ; Papa est fort, il coupe des tranches toutes fines, tellement fines qu’on dirait de la dentelle. Et le fromage fond sur les tartines brulantes.

Ludivine rayonne et Marie-Jeanne ne laisse rien de sa part.

Pendant ce temps, à la radio, de laquelle sort un son nasillard mais suffisamment audible pour que ça emplisse tout l’espace, une chanson passe.

Marie-Jeanne, Ludivine et le père se mettent en pause pour écouter cette voix grave et mâle qui semble raconter quelque chose d’intéressant dans un trémolo vibrant, sur fond d’air musical entêtant, le tout teinté de mélancolie.

(Toi, Lectrice-teur, peut-être serait-il judicieux que tu fasses pareil ; l’écoute des paroles associées au trémolo s’associe parfaitement pour générer (peut-être) l’émotion... Enfin, je trouve ! Voici le lien) :

Serge Reggiani : Le petit garçon - YouTube)

 ♪𝅘𝅥𝅯𝅘𝅥𝅮🎵♪𝅘𝅥𝅮𝅘𝅥𝅯

Ce soir mes petits enfants mes enfants mes amours
Il pleut sur la maison
mes enfants, mes amours
Comme tu lui ressembles
On reste tous les
trois
On va bien jouer ensemble
On est là tous les
trois seuls
Ce soir elle ne rentre pas, je n'sais plus, je n'sais pas
Elle écrira demain peut-être nous aurons une lettre
Il pleut sur le jardin
Je vais faire du feu
Je n'ai pas de chagrin
On est là tous les
trois, seuls

 

Attends, je sais des histoires

Il était une fois
Il pleut dans ma mémoire
Je crois ne pleure pas
Attends, je sais des histoires
Mais il fait un peu froid ce soir
Une histoire de gens qui s'aiment
Une histoire de gens qui s'aiment
Tu vas voir
Ne t'en va pas
Ne me laisse pas

Je ne sais plus faire de feu
mes enfants, mes amours

Je ne peux plus grand-chose mes enfants, mes amours
Comme tu lui ressembles
On est là tous les
trois
Perdus parmi les choses

Dans cette grande maison, seuls
On va jouer à la guerre et tu t'endormiras
Ce soir elle ne s'ra pas là, je n'sais plus, je n'sais pas
Je n'aime pas l'hiver
Il n'y a plus de feu
Il n'y a plus rien à faire
Qu'à jouer tous les
trois, seuls

Attends, je sais des histoires
Il était une fois
Je n'ai plus de mémoire
Je crois, ne pleure pas,
Attends, je sais des histoires
Mais il est un peu tard ce soir
L'histoire de gens qui s'aimèrent
Et qui jouèrent à la guerre
Ecoute-moi

Elle n'est plus là
Non ! Ne pleure pas !


Soudain, et très exactement à la toute fin du morceau, le père éteint la radio d’un brusque coup rageur, et, comme le fromage sur la tartine brulante, il fond en larmes silencieuses, affaissé sur le coin de la table en formica au milieu de la peau du saucisson et les croutes du fromage.

Devant son père désarmé, Marie-Jeanne, elle, fond en gros sanglots, hoquetant, des miettes encore au coin des lèvres ;

-           En plus, Maman…. elle est paaaaas làaaaaa !....

Concours de pleurs… De voir sa sœur et son père pleurer, Ludivine a les yeux qui s’engorgent d’un liquide chaud et brulant ; ça roulent sur ses joues, pendant qu’il pleut sur le jardin, faisant frémir en silence les branches du saule pleureur.»

 

La suite dans quelques jours ?

 

Sandrine L

Ecrivant

Commentaires

  1. Alors voilà, j'ai pris le temps, finalement, après notre loooongue conversation, de lire les 9 premiers textes de ton histoire. J'ai l'émotion qui remonte du fond de la gorge pour cette petite Ludivine, sa grande soeur, et ses parents si peu parents ... comme souvent quand les parents sont encore des enfants, et où les enfants sont trimbalés au gré de leur vie, qui me rappelle tellement la mienne d'enfance !! ah la la on va avoir encore beaucoup de choses à se dire chère Sandrine. Je peux reprendre le cours, au fil des dimanches de publications ! Chouette !! Gros bisous à très vite 😘

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  2. Ah et j'ai oublié, j'adore Serge Regianni, (sa voix, ses textes) mais c'est trop triste...! Ca nous mets dans l'ambiance, c'est certain ...!

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  3. Magnifique chanson.....

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