Des gènes errants - Clap 7 – La vie rêvée


Bonjour la Smala-vie-comme-au-cinéma  - (Clap 7)

Le film  « La Vie » est toujours à l’affiche. Ca suit son court et j’ai confiance. Le Réalisateur a beaucoup de talent. Alors laissons filer (telle une étoile).

Moi, j’ai décidé de reprendre en main le synopsis (qui n’en est pas un, pour rappel) et de le peaufiner à ma sauce… Il y en a beaucoup comme moi, des actrices devenues autrices…

Et toi, tu es toujours là ? On continue, alors ? Allez, on ne lâche rien….


« …Fragmenté, morcelé, sectionné, découpé… On se croirait chez la Mère Cheval, la charcutière…  

Mais ce sont les parents qui ont tranché dans le vif, au retour de ces jolies colonies de vacances… merci Papa, merci Maman… : on ne vivra plus la vie d’avant ! 

Un accident de parcours et on découpe avec force et fracas l’habitacle pour tenter de préserver ce qui est encore en vie, là-dedans. Ça fait beaucoup de bruit et de mouvements, beaucoup de tressautements, de déchirements. On est tout à cet échec, et on transmet aux enfants, les douleurs en héritage.

Ludivine est bien petite pour hériter. Mais comme un rempart qui prend tout de face, les portes et les mots qui claquent, un rempart qui la protège, elle, il y a sa sœur, sa grande sœur, Marie-Jeanne, cette merveille de modèle, qui est tout le contraire de Ludivine ; grande, brune, les yeux sombres et profonds. Justement, Ludivine la prend en modèle, admirative qu’elle est de tout ce qu’elle représente et qu’elle, Ludivine, n’est pas. Elle était là avant, Marie-Jeanne. Elle comprend tout mieux, elle fait tout mieux, elle grandit mieux aussi, elle est belle, sa sœur, mais là, tranchée dans le vif de son cœur, suite à l’annonce de la séparation de leurs parents, Marie-Jeanne vacille et pleure de ne pas retrouver le cocon d’avant les colonies de vacances en Normandie. Marie-Jeanne pleure et comme c’est un modèle pour Ludivine, Ludivine pleure aussi. Elle ne sait pas pourquoi. Si, elle sait ! Elle pleure de voir pleurer sa sœur et il s’installe à compter de ce jour comme un concours de pleurs entre elles, un mimétisme.

Le père n’est pas là. Avec leur mère, Marie Jeanne et Ludivine habitent maintenant dans un tout petit appartement donnant sur une rue sombre éclairée d’un lampadaire jaunâtre. La maison de maître au perron de pierre et au portail en fer forgé n’est plus leur maison. Il s’agit de vivre ici, dans ce tout petit logement, à l’étroit. Mais tout près de la présence de leur mère, c’est bien. D’ailleurs, ça ne perturbe pas Ludivine. Elle aime la nouveauté, les choses à observer, pourvu qu’elle ait quelques liens d’attache qui la reconnectent à son cocon, comme un cordon ; sa mère et Marie Jeanne sont belle et bien là.

Telle une autruche qui se cache la tête dans le sable, elle ne voit pas le père, alors, elle n’y pense pas. Mais Ludivine est une éponge. Les conversations alentours l’informent de ce qui se passe en dehors de son champ de vision : 

    - Maman, dit Marie-Jeanne, c’est quand qu’on retourne à la maison ? (Ah oui, tiens, c’est quand ? se demande Ludivine)

    - Je te l’ai déjà dit, on n’y retournera pas, on va vivre ici un moment avant de trouver quelque chose de plus grand.

    - Oui, mais papa, il est où ? demande Marie-Jeanne (Ah oui, tiens, il est où Papa ? s’interroge Ludivine)

    - Je te l’ai déjà dit, il est à la maison, vous irez le voir plus tard. En attendant, Papa et Maman ont des choses de grands à régler.

Marie-Jeanne pleure de ne pas avoir son père à ses côtés. Concours de pleurs. Ludivine pleure de voir sa sœur pleurer.

La nuit, elle a l’imagination galopante et les barrières de sécurité qui s’effondrent. Elle se voit en train de fuguer, comme elle l’a fait une fois, là-bas, dans la grande maison de maître au perron de pierre et au portail en fer forgé, mais pas de gros Edgar à l’horizon, et ça, c’est tant mieux.... Elle parvient à sortir du petit appartement, mais au lieu de la grande avenue habituelle, elle arrive dans une ruelle sale aux lampadaires jaunâtres, elle, toute petite au milieu de la nuit. Elle avance entre de sombres bâtiments. Ils sont lugubres, ces bâtiments. Cette ruelle sent la ville et l’humain crasseux. Pire, cette ruelle sent l’urine et n’engage aucunement à s’y engager. Ludivine se sent seule. L’ombre des  lampadaires est statique sur le trottoir. La lumière qu’ils diffusent est blafarde. Soudain, une ombre s’allonge à côté d’elle, elle a un  coup dans le cœur, jusqu’à ce qu’elle réalise que ce n’est que son ombre à elle…

Ludivine a la mine renfrognée, comme quand elle a fugué comme elle l’a fait là-bas, dans la grande maison de maître au perron de pierre et au portail en fer forgé, mais pas de gros Edgar à l’horizon, et ça, c’est tant mieux.... . Elle n’est quand même pas contente. Elle lève les yeux au ciel ; c’est une nuit de pleine lune, sans aucune étoile. Ludivine est imprégnée des livres qu’on lui lit et pour se donner du courage, elle imagine une bonne fée joufflue, drapée dans sa robe de taffetas, lumineuse, brandissant une baguette avec une étoile rose et scintillante tout au bout. Ludivine veut faire briller les étoiles, elle croit que quand ça ne brille pas, une étoile, ça n’existe pas. Elle connait plein d’images avec des lunes, des soleils, des jolies maisons et des étoiles. La bonne fée disparait de sa vue. Ludivine peine à avancer parmi les ruelles, les rues, les bâtiments lugubres et blafards. Elle ne sait pas ce qu’elle fait là, toute seule. Soudain, la baguette s’agite devant ses yeux, son étoile tout au bout a filé. La bonne fée, elle, s’est transformée en une sorcière immonde, au nez crochu à la verrue proéminente, la bouche tordue et édentée, qui, avec ce qui reste de la baguette maléfique sans plus de bonne étoile, la pique fort dans la fesse droite.

Dans un cri, elle se réveille.

Sa sœur, tout près d’elle, lui pince le gras des fesses. 

    - Eh, Ludivine, chut ! Tu vas réveiller Maman…

Ludivine est pétrie de mauvais rêves. »

 

La suite dans quelques jours ?

 

Sandrine L

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