Des gènes errants - Clap 5 - Revenir


Bonjour la Smala-vie-comme-au-cinéma  - (Clap 5)

La vie, du cinéma ? Oui, mais parfois, ça peut être aussi un roman, une nouvelle, ou l’ébauche d’un début…

Allez, je te laisse lire la suite. Moi, je suis hyper bookée pour la promo du film… Ça ne marche pas très bien, alors, il faut que je redouble de présence sur les ondes et le petit écran…

 

« Ludivine chemine sur l’avenue principale, une double voie flanquée de grands trottoirs où la circulation est dense pratiquement tout le temps, autant par le passage des voitures que des piétons. Elle chemine loin, loin, jusqu’au magasin de la Mère Petit ; c’est là que parfois, avec son père ou sa mère (quand elle était encore avec eux), elle s’arrêtait parfois. Ils y achetaient le gros pain, celui-là même que les familles pas forcément aisées paient de leur denier, qui les nourrissent et qui leur tient au moins la semaine. Ce gros pain, on l’enveloppe dans un torchon pour en garder un semblant de fraicheur, un torchon propre autant que possible, (même si rien que le mot torchon, en soit, reste suspicieux), et on tranche des tranches dans la tranche, du tranchant d’un couteau à pain, chaque jour, servant, un pain de plus en plus rassis, malgré le torchon.

Ludivine n’en a que faire de la Mère Petit, de son pain et des torchons ; elle continue son chemin sur le trottoir, le regard toujours renfrogné, mais émerveillée à la fois ; pas de main à tenir, pas de « tu suis bien ta sœur », pas de directives intempestives. Juste une direction, celle du droit devant, en terrain connu mais mystérieux d’indépendance et de liberté. Elle fonce vaillamment.

Forcément, un si petit gabarit au milieu d’une si grande avenue, ça interpelle.

La charcutière, la bien-nommée Mère Cheval est intriguée… Que fait donc là, la petite Ludivine, seule au milieu du bitume, trottinant parmi les passants, sans ses parents alentour ? Elle la connait bien cette petite Ludivine. Enfin, elle la connait de vue et elle sait qu’elle est une des filles du couple, là-bas, qui occupe cette grande maison de maître un peu plus haut, une grande maison avec un perron de pierre devant, à peine dissimulée par un portail en fer forgé. Il se dit bien des choses sur ce couple, d’ailleurs. Beaucoup se demandent comment ces gens-là arrivent à occuper une si belle maison alors que ni l’un ni l’autre ne semble travailler assidument.  

Ludivine et sa sœur sont dans la même école qu’Edgar, le fils de la Mère Cheval. C’est aussi un peu pour ça qu’elle repère Ludivine. Elle la voit souvent à l’école. Edgar est aussi grand que Ludivine est petite, mais aussi, Edgar est aussi gras et gros que Ludivine est frêle et menue.

Quand la Mère Cheval sonne au portail en fer forgé de la maison de maître, Ludivine, tenue fermement par la main, est résignée.

A côté de lui le gros Edgar, à la peau laiteuse constellée de taches de rousseur, la regarde, comme impressionné, débonnaire et adipeux.

Cette image de Ludivine, le gros Edgar et la Mère Cheval se tenant tous les trois par la main, devant le portail en fer forgé, restera dans la mémoire collective familiale. Combien de fois, entre la poire et le fromage, sera-t-il évoqué cette fugue intempestive et ce retour peu glorieux à la maison ; Ludivine et Edgar, on les mariait déjà… Et ils auraient de bons gros enfants…

Pour l’heure, ça rigole au retour, ça remercie affablement, ça récupère le paquet, sans empressement ni bras levés au ciel. Un juste retour des choses à leur place.

-           Allez, maintenant, file dans ta chambre !

Il y a pire que l’indifférence parentale, il y a l’incertitude d’un avenir prometteur.

Mais pour le coup et sur l’instant, Ludivine n’a plus envie de fuguer, tout de même. »

   

La suite dimanche prochain ?😜

 

Sandrine L

Ecrivant

Commentaires

  1. Vivement dimanche prochain Sandrine

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  2. Un mélange une enfance douce amère … je ne sais pas trop quoi ressentir et je suis influencée par la Ludivine d’aujourd’hui… hâte d’être lire la suite

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