Des gènes errants - Clap 4 - Partir
Bonjour la Smala-vie-comme-au-cinéma - (Clap 4)
Tu es toujours là ? Tu as bien senti, à présent, que les textes sur ce blog doivent se lire en respectant l’ordre chronologique ?
Alors, si c’est le cas, je t’ai ferré-e, Léo ! (Private joke pour I.M. qui adore les jeux de mots 😝).
Quel suspens, hein ?!!... La vie comme au cinéma, oui, mais parfois, ça peut être aussi un roman, une nouvelle, ou l’ébauche d’un début…
Allez, on repart !
« Les ponts relient, et l’eau
coule dessous. Ou pas. Les portes, quant à elles s’ouvrent, se referment et
parfois, quand c’est le cas, ça ne fait pas de bruit. Ou alors plus tard, bien
plus tard… De toute façon, il n’est pas bon de les claquer trop fort, les
portes… Ca lézarde les murs, à terme ça peut les faire tomber, transformant les
pierres en ruine, découvrant tout ce qu’il y a derrière, si tant est que ce
soit encore en vie…
Ce jour-là, Ludivine est sur les genoux
de son père. Toute la famille est attablée, mais le repas est terminé. Il y a
du monde. C’est l’euphorie, la cacophonie, la joie de vivre apparente d’une
famille rassemblée. On peut y croire. La cuisine est accueillante, couleurs
criardes au goût des années d’un autre temps.
On a mangé avec appétit, on a fini, on a
débarrassé, on en est au café-chicoré odorant, celui qui monte doucement de la
cafetière italienne, dans un bruit de grelot et une vapeur de train miniature. Ça
sent le réconfort et la sécurité, la complicité sanguine d’une famille en
connivence.
Et puis soudain tout explose. L’objet du délire est dérisoire mais suffisamment conséquent pour que Ludivine, piquée, pique sa crise. Une cousine plus grande qu’elle, bien plus grande, joue avec un tac-tac. Comme son nom l’indique, ça fait tac-tac quand les deux boules reliées par un cordon, se cognent et si le joueur est malin et habile, ça fait tac-tac de plus en plus vite, de plus en plus fort tout autour de la main qui manipule le jouet. Ludivine est envoutée par ces deux boules orange qui volent ; sa cousine, bien plus âgée, est très douée au tac-tac. Ludivine veut l’objet, elle le veut pour elle, elle veut essayer et le réclame inlassablement. Elle n’est pas entendue par sa cousine qui continue imperturbablement son tac-tac bruyant.
Les bruits, les cris, la chaleur, la digestion, le café-chicoré ;
c’en est trop pour le père qui sent là qu’il doit imposer son ordre, et plutôt
trois fois qu’une ; dans un cri et sans appel, il confisque l’objet du délit, envoie la cousine dans
le salon qui juxtapose la cuisine et Ludivine dans sa chambre (qu’elle partage
avec sa sœur) au premier étage de la maison immense qui commence à avoir les
murs qui se lézardent à cause de trop de portes claquées et de ton haussé. Ludivine, du très
haut de ses 4 ans, est en proie à une colère incommensurable, bouillonnante, aussi pénible à
retenir que ne le sont à monter ces hautes marches pour atteindre sa chambre.
Elle y parvient toutefois, à cette chambre en haut du palier, mais décrète
qu’elle n’a rien à y faire, seule et submergée par son courroux ; elle en
a marre d’ici, elle a surement mieux à faire que de rester là. Elle décide de
redescendre.
Ses toutes petites jambes n’arrivent
pas à poser un pied sur une marche, puis enjamber cette marche avec l’autre
jambe pour atteindre la marche suivante ; c’est en posant un pied à côté
de l’autre et sur chaque marche qu’elle parvient enfin laborieusement à se
retrouver à nouveau devant la porte de la cuisine où toute la famille continue
de s’esclaffer. Ça ne lui fait aucune envie de les retrouver tous, et puis son
père lui a dit de déguerpir dans sa chambre, avec une telle force !
Quand elle est face à cette porte, juste derrière elle, se trouve l’entrée de la maison. Ludivine se tourne face à elle, en saisit la poignée, tire dessus de toute ses forces ; ça s’entre ouvre alors sur un espace extérieur bien plus silencieux et de meilleures promesses que tous ces gens attablés qu’elle connait déjà. Enhardie par cette liberté offerte, elle descend les quelques marches qui prolongent l’entrée, part à droite où elle sait qu’il y a le portail du jardin, juste à côté des arbres fruitiers, près du perron. Le portail en fer forgé s’ouvre sur la rue. Elle est seule, elle jubile, délivrée… Toute petite au milieu du trottoir, elle trottine vers l’inconnu qu’elle connait un peu quand même. Mais seule dans cet environnement extérieur au mur de la maison familiale, elle ressent comme un esprit de vengeance, l’aplomb d’aller voir ailleurs où ça doit être mieux que là où tout l’empêche.
Elle ne connait pas les gros mots ou si peu, elle ne les dit donc pas. Mais son nez froncé et son regard buté la confortent et la rendent forte pour aller droit devant elle, comme un bras d’honneur à ce qui est derrière… »
La suite dans quelques jours ?
Sandrine
L
Quel suspens, impatiente de lire la suite… ce n’est qu’une enfant après tout
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