Des gènes errants – Clap 2 – Berceau

 


Bonjour la Smala-vie-comme-au-cinéma - (Clap 2)

Quelques jours sont passés ; alors, comme prévu, voici la suite de l’histoire.

Tu noteras que j’ai usé de magies, de fantaisies, d’incroyables abracadabrasmes, pour me mettre dans la peau de ce petit être qui nait à la vie, sans cheveu (ça c’est ok), si petit et si fragile, alors qu’hier encore, je descendais le tapis rouge du Festival de Cannes pour me voir honorée de mon rôle…. Ah ! Une actrice est une bonne actrice dès lors qu’elle endosse n’importe quel personnage, y compris le rôle d’un nourrisson !...😜

Mais continuons notre lecture.


« … Si, si, en fait, sa mère avait laissé des traces et notamment ce lien indéfectible qui nous fait dire qu’on est tous reliés quoiqu’il arrive, relié à un point de départ, un départ d’histoire, une naissance, un cordon. Accordons nos violons, il est évoqué là le cordon ombilical, celui qui créé le nombril, le nombril du monde. La vie commence ainsi. Centré sur son nombril, son petit monde, « cette sphère infinie dont le centre est partout et la circonférence nulle part » ; Maître Eckart a bien raison… tellement vrai… Tout part de là, non ?

Ainsi, comme toutes les mères, la sienne lui avait laissé un nombril. Un prénom qui brille aussi : Ludivine. Elle n’y a été sensible que bien plus tard. Ludivine. A force de se l’entendre scander, elle a fini par se l’octroyer, se l’accaparer, s’identifier à lui. Plus tard encore, quand elle a connu les gâteaux « Lu », elle a constaté comme une faute de syntaxe, un accord désaccordé ; « Lu divin » aurait été plus juste et en accord avec le sexe qu’elle devait avoir à la naissance. Alors, elle décrétera que son prénom est nul. D’autres raisons profondes entérineront sa position, (qui seront peut-être abordées plus tard, on est sur un blog, on improvise dur ! J)

Pour l’heure, elle vient de naître et n’est que nombril qui se nourrit de ce qu’on lui tend, de ce qu’on veut bien lui concéder. Elle est satisfaite et si ça n’est pas le cas, elle hurle dans son berceau rehaussé de tulle blanc, dans la douceur d’un automne somptueux. Mais si elle n’est pas nourrit, rien n’est somptueux, tout s’écroule, son nombril se meurt en un vortex qui ne souhaite qu’une chose ; revenir à la source, au cordon, fille ou garçon, qu’importe…

Une nuit, soudain, dans son berceau, après avoir haussé le ton impérieusement, Ludivine réceptionne au coin du nez un chausson-patin troué, envoyé avec force. La mère n’est pas encore partie, n’ayant pas encore lu « Tout se joue avant 6 ans » ; elle dort avec le père dans le lit juxtaposant le berceau, mais par les cris perçants que l’enfant pousse, le père agacé, fini par lui balancer son chausson. L'enfant le saisit avec ses petites menottes, petits boudins mobiles virevoltant au- dessus de son lit et le mord de ses petites quenottes, qui n’ont pas encore percé, mais qui sont bien là, en préparation, comme un sourire (ou un rictus) intérieur.

La nuit passe en un bruit de succion.

Les cris d’un bébé ne sont jamais anodins. Le lendemain, la mère la retrouve au fond de son berceau blanc, toute jaune, ridée et recroquevillée sur elle-même, petite chose vieillie en une nuit, estimant peut-être que de hurler dans le silence de la nuit et ne recevoir en retour qu’un chausson sec, ne vaut pas la peine de s’accrocher, ni même de sourire à la vie…

La mère prend les devants puisque le père ne le fait pas.

Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître ni s’imaginer ;  face à l’urgence, qu’était-il donc possible de faire sans téléphone portable, ni ligne téléphonique fixe ?

La mère prend les devants et l’enfant dans ses bras. Elle constate sa légèreté, sa fragilité, sa volonté peut-être affirmée de vouloir déjà partir, loin de ce foyer qui ne fait que si peu cas de ses besoins essentiels. Bref, la mère (qui n’a pas encore lu Françoise Dolto), ressent un titillement entre le fond du ventre et le siège du cœur, on ne sait pas trop, comme un sursaut d’instinct maternel primant sur l’acceptation des désirs de paix de son mari ; elle houspille ce dernier à aller vite voir le médecin le plus proche pour sauver leur fille qui se meure d’un mal inconnu, toute fripée et couinant de plus en plus faiblement dans ses bras. »

 

La suite dans quelques jours ? 


Sandrine L

Ecrivant

Commentaires

  1. Un peu flippant cette histoire ça nous donne envie de connaître la suite ! MD

    RépondreSupprimer
  2. Quelle écriture ! Début d'un roman qui sera publié et aura du succès

    RépondreSupprimer
  3. Un peu glauque tout de même, j’espère que tout ira pour le mieux cette petite 😊

    RépondreSupprimer
  4. Je ne m attendais pas du tt à cette suite .... 😢 voyons cela au prochain épisode ..

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Des gènes errants - Clap 1 - Ca part de là

Des gènes errants - Clap 3 - Des hydratations