Men aux pauses...

 



Bonjour la Smala-affaiblie,

 

Quelle que soit l’activité en cours, il y a ce moment où survient un très léger agacement, un sentiment de renoncement, comme une légère dépression d’élan de vie, comme si j’étais soudain dans un creux de vague m’entraînant dans les profondeurs de l’abandon. Mon corps et mon esprit renoncent alors à tout : ma volonté, comprendre ce qu’on me dit, trouver une solution à un problème, garder la posture qui convient. Tout ça se passe en une fraction de seconde ; et je jurerai avoir perçu un impalpable déclic qui fait l’après de l’avant. Moi avant, une personne enjouée, espiègle à la limite de la facétie. Moi après, taiseuse.

Quand j’en suis à constater et observer cet état d’abattement (car c’en est un, assurément !), c’est là qu’une chaleur vive monte du tréfonds de mon corps. Mon buste se fait cheminée, mais il n’y a ni fumée ni feu, nul besoin d’appeler les pompiers… c’est géré, canalisé ; il y a simplement une vraie sensation de rouge aux joues. Là, je sais, oui, je sais instantanément de quoi il s’agit. Une touffeur alors m’envahie, me submerge, comme implosant en mon for intérieur pour aller percuter les parois de ma peau, aux quatre coins de mes chairs, pour au final, les franchir au travers de mes pores, laissant couler le long de toute mon anatomie un ruissellement imperceptible pour un œil extérieur, mais qui me fait, à moi, comme un habit d’humidité. Il suffit que mes jambes ou mon buste soient couverts d’un tissu même léger pour renforcer encore plus la sensation de moiteur extrême à la limite du supportable.

Je baigne en sauna, prête à tourner de l’œil.

Et puis, progressivement, c’est la fraicheur qui s’installe, me ceint, m’encercle pour me prendre au piège de la moite froideur puis de l’humidité glaciale ; je me fige en glaçon.

L’instant d’après, je suis pleine de gratitude pour cette flambée intérieure qui ne dure que deux minutes en tout et pour tout, reliant mon esprit (au départ, en un quart de seconde d’effondrement), à mon corps (soumis au chaud et froid pendant un peu moins de deux minutes).

A l’affut, corps et esprit sont ainsi en reliance, unis pour la chaleur et pour le givre, vers la prochaine combustion, ce désagrément propre à la sagesse féminine d’un âge mûr mais pas blette.

 

Pour la chaleur et pour le givre, pour le meilleur et pour le pire, pour les creux de vague et pour surfer dessus…Toutes ces mêmes sensations contraires (dues aux bouffées de chaleur, tu l’auras compris) me sont données dans l’expérience du cancer, avec ceci de plus persistants, vifs et durables ; des vides sidéraux au cœur du plexus (qui n’a plus rien de solaire alors), vides qui m’entraînent dans un vortex vertigineux où seul un autre niveau de conscience me maintient en éveil.

Bien avant qu’il ne me saisisse, ce cancer, j’ai appris à accueillir, respirer, m’allonger, laisser passer.

Plus que jamais, j’accueille, respire, m’allonge, laisse passer.

Et ça consent, ça respire, ça s’atténue, ça passe.

Parce que tout passe…

 

Sandrine L.

(En fusion)


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