Nous, rire... (avant de " naître " mangé !)
Bonjour la Smala-alimentation,
Faire face avec hargne aux épreuves ou se laisser porter docilement par les flots ; à chacun son paradigme. On fait avec ce qu’on est, tout au long et jusqu’au bout… De toute façon, quoiqu’il survienne, on en connait la fin.
Mais sur l’instant, (puisque rien ne
vaut l’instant), n’est-ce pas la rencontre de la diversité qui fait la richesse
des liens nourrissants ?
Tiens, bah voici une histoire nourrissant mon propos :
Dame-Fourmi est laborieuse. Vaillante, confiante,
sans peur et bille en tête, à l’image de la guerrière, la fourmi n’est pas
péteuse ; elle y va dare dare. Elle semble aller à sa guise, mais elle
suit les traces de sa copine de devant, dirigeant toute la force et la vitesse
de ses pattes à se rendre quelque part, mais où ? En fait, elles suivent
toutes le même chemin. Même la Cheftaine-de-File, en tête, semble filer à la
dérive du hasard. Mais ne nous méprenons pas ! En procession, elles
forment une ligne noire tracée au sol, comme le fil d’un projet à suivre. Effectivement…
Au bout là-bas, sous le cyprès, un tout petit bout d’aile de libellule traîne
au sol au gré du vent. Dame-Fourmi-Cheftaine-De-File file un excellent coton
pour nourrir la Reine-Mère qui attend au bercail, dans le fond de ce trou de
fourmis foisonnant, qu’on appelle la fourmilière. Dames-fourmis s’y mettent à
plusieurs pour soulever le bout d’aile translucide de la libellule dès cédée.
Ce sera une belle réserve de nourriture pour la Reine-Mère et leur survie à
toutes…
Dame-Libellule semble motorisée, elle
vole de-ci de-là, bellement parée de ses couleurs fêtardes, dans un bruissement
suave. Il faudrait entrer dans sa tête pour s’apercevoir que c’est vif la-dedans,
quand elle jette son dé velu sur le premier moustique qui passe. Elle vise ses
proies et les met dos au mur, même quand il n’y en a pas (de mur). Elle
ressemble à un drôle de drone vibrant de toutes ses ailes et tant du dos.
Et tant du dos… étend du dos… étang du
d’eau…. Ça y est, je l’ai ! On est au bord d’une étendue d’eau, d’un étang
d’eau ! Il n’y a pas de mur effectivement. Personne ne met qui que ce soit
au pied de quelque mur que ce soit, ni dos, Rémi. Puisqu’il n’y en a pas (de
mur)…
Alors, on récapitule : un étang
s’étend là, des fourmis défilent en indiennes, quand les libellules dronent
fébrilement.
Et puis ?
Encore au-dessus, le soleil irradie d’une
chaleur de plomb. L’eau s’évapore mais pas assez pour mettre à sec l’étang qui
trône là, bleu roi, au milieu des montagnes.
Tout est en place.
Tout est à sa place.
Tout baigne, les poissons les premiers.
Sieur-Poisson en a marre du plancton, assez de rester bouche bée à jouer les filtres d’eau douce ; ça ne fait que le nourrir sans lui laver le corps, que parfois, on lui marchande (de poisson…). Comme un poisson dans l’eau, il nage comme lui-même, donc, souple et fringant, l’œil à visée lointaine, près à chopper et écoper à bout portant le moindre espoir de voir surgir une proie au-delà de la surface ; c’est ça, son nirvana, franchir la ligne d’eau.
Un bond, un seul, d’un coup de queue
habile (dont seuls les mâles s’enorgueillissent), le voici propulsé dans
l’univers d’air, celui qui ne lui est pas propice bien longtemps. Il lui pousse
des ailes (en plus de sa queue), il vole, « univers’aile ». C’est un
Poisson-Chat-Leste, loin d’être à l’ouest.
Un souffle, un seul, puis, tout vole en
éclat de transparence, aspergeant l’arbre tout près, le bien nommé cyprès. Le
corps de Dame-Libellule coincée dans ses branchies, Sieur-Poisson retourne aux
profondeurs dans un éclat de rire intérieur et d’eau claire, fontaine. Dame-libellule
est son casse-croute, sa cerise sur le plancton.
Ne reste à la surface qu’un tout petit
bout d’aile de libellule que le vent traîne à son gré, vers le sol, sous le
cyprès, là où les fourmis errent.
La martyre dans cette histoire, c’est
Dame-Libellule (même si on n’a pas parlé du moustique qu’elle s’est boulotté
plus haut…) ; elle a beau savoir prendre de la hauteur, là pour le coup,
ça lui a été fatal, Bazouka…
A la guerre comme à la guerre, clament Dames-Fourmis, quand Sieur-Poisson rassasié, apprécie, lui, d’être heureux comme un poisson dans l’eau.
A la guerre comme à la guerre, clament
Dames-Fourmis, quand Sieur-Poisson rassasié, apprécie, lui, d’être heureux
comme un poisson dans l’eau.
La boucle est bouclée… Mon histoire
raconte bien la richesse des liens nourrissants, non ?
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