Ex-il / Ex-elle... ?

 

Bonjour La Smala-accueil !

Si on excelle à trouver la formule magique et si on a le champ libre pour sortir de nos cellules, alors les feuilles sont à ranger, les dossiers à classer, quand bien même des références soulignent que nous sommes conditionnés, souvent copiés, jamais déplacés.

Peut-être avons-nous filtré plus que de raison, avons-nous trié bien trop à corps et à cri.

A présent, nous voici tous mis à l’index, acculés aux fenêtres, volets fermés, priant pour la requête suivante : « que tout le zèle dont les soi-disant grands font preuve ne nous mette pas en péril ! ».

Sinon, souhaitons qu’on en échappe 

Put in out Excel (ou “Poutine out Excel” ;-)) ?...

Non, L’atelier du jour parle Exil, notion d’actualité, qui a de beaux jours devant lui, tant il est difficilement résolvable. Et ça n’est certes pas en rentrant des données dans un tableau excel que nous trouverons les solutions…

Lors d'un atelier d'écriture, il convenait d’exprimer les pertes d’un exil. Nous avions 40 minutes. Voici ce qui en est sorti :

«  Mon pays est tout petit au milieu du vaste monde. Pourtant, ils se battent pour l’avoir...

Qui a décrété que telle terre, telle parcelle, tel pays appartient à tel ou intel ?

Pourtant, c’est bien ce qui se passe ici-bas, on s’arrache pour tout ce qui peut se posséder, pour démontrer qu’on est le roi du monde.

J’en connais un qui fonctionne comme ça. Dès qu’il s’agit de posséder, il est là, il avance toujours en gueulant avec sa gouaille, il a une voix grave du genre rocailleux, comme quand la mer se retire emportant avec elle les galets.

C’est un Ancien, un Grand  du village. Il est toujours là, présent, comme une éminence grise. Son cheveu aussi est gris. C’est dire qu’il n’est pas tout jeune.

Déjà le Père nous en parlait, quand on était petit. Le Père est parti, mais lui, le Grand, sa gouaille et ses cheveux gris, il est resté. On le dit sorcier du village, on le dit chef, on le dit qui sait tout sur tout le monde,

Mais moi, je suis sûr qu’il ne sait pas que c’est quand je descends à la rivière écouter les galets rouler sous les roulis que je me sens vivant. Je touche l’eau du fleuve et des doigts et des yeux, et je me sens vivant, chez moi. J’imagine l’eau courir, longeant le village, atteindre d’autres villages et je suis son ruissellement et je suis moi-même ruissellement. Je goûte le gout de l’eau en léchant le bout de mes doigts et je n’ai plus soif. Je suis ici chez moi sans posséder l’endroit.

 Et puis un jour, tout est parti à vau l’eau, à l’envers et sans dessus dessous.

Mon pays tout petit a été envahi plus que de raison. Trop petit, il ne pouvait plus contenir toutes ces  armes et ces chars d’assaut. Tout ce monde en bataille a fait déborder le fleuve. Tous ces conflits ont fait peur aux autochtones qui, balluchons sur le dos, et ce fut bien ballot, partirent vers l’occident, qu’on disait terre d’accueil.

J’ai été éloigné de ce qui était moi, mon village, mon fleuve.

Et vogue la galère…

Il en a fallu de la terre, de la poussière, des armes à gauche, des passeurs adroits et des galets raclant le fond du bateau pour pouvoir voir d’autres horizons, d’autres villages, d’autres fleuves.

La vieille gouaille aux cheveux gris à la voix rocailleuse fait partie du voyage ; toute grande gueule qu’il était au village, là, il n’en mène pas large, dans ce bateau étroit et surchargé. Il se fait tout petit, comme chacun de nous, un exilé parmi les exilés. Il a perdu la belle assurance de ceux qui se disent propriétaire. Il n’a plus de terre à lui, on est juste dans le même bateau.

Moi, je voudrais me sentir partout chez moi et quand je lèche mes doigts mouillés de l’eau de mer qui éclabousse la coque, je goute une eau beaucoup plus sallée que celle du fleuve de mon village ; je n’y suis pas habitué et je veux croire que c’est le sel qui manquait à ma vie jusque-là.

Mais j’ai des doutes. De gros doutes. Pour l’heure, je suis à l’étroit, il fait froid, les embruns me frappent le visage, je suis engoncé dans le peu d’habit que je porte, l’embarcation n’est que plume sur la puissance des vagues.

J’ai bien peur de manquer de tout dans ce qu’il me reste à vivre.

Je me souviens comme j’’étais heureux quand je descendais à la rivière écouter les galets rouler sous les roulis. Et je me sens bien peu vivant, quand dans l’instant, la barque accoste sur les galets de cette terre de passage ; le bruit du roulis est bien loin d’être le même…

                                                                                                                   

                                                                                                                      Sandrinelle

(qui privilégie Word à Excel et Accueil à Exil…

Non, mais, c’est qui qui commande ?)   

 

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